samedi 3 décembre 2011

Progrès et valeurs: quelle société voulons-nous adopter?



Par J.L.

Force est de constater que depuis la fin du XXe siècle, un mouvement de libéralisation des mœurs s'est accompli au sein de notre société. Le fameux débat qui se déroule depuis fort longtemps consiste en savoir si ce doit être la société qui s'adapte au droit, ou le droit qui doit suivre les évolutions de la société. Actuellement, la question semble tranchée, du moins pour la majorité de la classe politique, française comme européenne. Le droit doit s'adapter aux évolutions éparses de notre société, résultant de la libéralisation des mœurs et des codes adoptés peu à peu dont il est difficile de se démarquer. Afin d'illustrer mon propos, je vais tâcher de me pencher sur trois exemples simples, mais très caractéristiques du débat qui n'a pas lieu et qui devrait pourtant exister.


« Cette situation qui bouscule le modèle traditionnel de la famille... »

En premier lieu, la question du mariage et de l'adoption par deux personnes de même sexe. C'est surement l'évolution la plus spectaculaire, l'homosexualité qui était il y a encore peu de temps cachée, refoulée, a désormais gagné en liberté. On peut le noter notamment aux États-Unis avec l'épopée d'Harvey Milk, au prix de durs combats et de rudes oppositions. Au-delà du jugement de valeur, on peut se demander quelle place accorder à cette situation qui bouscule le modèle traditionnel de la famille. La doctrine droit-de-l'hommiste soutient l'égalité des droits entre les citoyens, quelque soit leur orientation sexuelle, et celle se voulant plus traditionnelle pointant du doigt l'effritement du modèle traditionnel de la famille, déjà mis à mal par les familles recomposées, et les risques que pourrait engendrer le manque d'une figure masculine, ou féminine, dans l'éducation de l'enfant. Ces questions ne sont actuellement pas tranchées, même si en Europe, au-delà de tout débat de fond, l'acceptation du mariage homosexuel est déjà presque acquise. Elles méritent cependant une véritable confrontation d'idée. Pour ma part, une union faisant bénéficier des mêmes droits homosexuels et hétérosexuels constituerait la solution la plus équitable, mais qui ne s'appellerait pas mariage, qui lui constitue un socle traditionnel, mis en place par l'Eglise chrétienne, et qui ne devrait pas être remise en cause.

« ...se calquant sur le modèle suédois »

Comme autre exemple significatif, nous retrouvons la prostitution. Phénomène beaucoup plus ancien (cf « métier le plus ancien du monde »), il est sujet à beaucoup de controverses, ouvrant des polémiques de nouveau entre défenseurs des droits de l'homme, avec ici de la femme oppressée, entravée par sa servitude (ici involontaire dans la théorie qu'ils exposent); et une vision plus traditionnelle, voulant protéger ce «métier» qu'ils considèrent comme étant une simple prestation de services rendus contre rémunération, entre personne consentante. Mille et un arguments s'opposent sur cette question, les uns considérant que les prostituées sont exploitées par des réseaux et contraintes pour vivre ou aider leur famille à se prostituer. Or, force est de constater qu'il y a également des femmes qui ont choisi d'exercer ce métier, bien que ce ne soit pas de pure joie. De l'autre côté, certains considèrent que ces femmes l'ont choisi, et que la liberté d'utilisation de son corps l'emporte sur toute autre question, mais là aussi force est de constater que certaines filles (notamment de l'Est et africaines), sont amenées de forces et soumises à la prostitution. Deux types de solutions s'affrontent, tout d'abord l'abolition de la prostitution, se calquant sur le modèle suédois, et une autre prônant la légalisation, la fin du concept de racolage, et la réouverture de maisons closes. Mon penchant étatiste me pousse à soutenir cette réouverture, qui serait contrôlée, mais là encore on se retrouve face au même problème que pour la drogue, la légalisation n'entrainera pas la fin du trafic. Le camp opposé prône l'interdiction, mais là encore la situation inverse de celle voulue se retrouvera, celle d'une précarisation de la situation des prostituées, et non une disparition de ce phénomène. Nous voilà donc dans une impasse, dont je ne saurais chers lecteurs vous sortir, mais cela se règlera vraisemblablement par une loi l'interdisant, nous calquant donc sur le modèle de la sociale-démocratie suédoise.

« un droit à la vie...ou...un droit à la dignité »

Enfin dernier exemple, l'euthanasie. Ce clivage est plus complexe, certains soutiennent un droit à la vie, une valeur morale soit-elle, selon laquelle la vie vaut plus que tout, même dans l'agonie, et d'autre part, ceux qui soutiennent un droit à la dignité, la possibilité de partir en limitant ses souffrances. Là encore un mouvement général en Europe pousse à l'acceptation de l'euthanasie, présentant les choses de manière quelque peu simpliste, oubliant de préciser les problèmes de fonctionnement d'un tel mécanisme, dans quel cas l'on pourra prendre cette décision, sans que cela soit considéré comme un suicide assisté, mais plus comme une délivrance accompagnée. Cette question est donc plus complexe qu'il ne le semble. J'opterais pour ma part pour une solution qui constitue un compromis, une euthanasie légale, organisée toutefois de façon stricte. Face à toutes les questions de mœurs, un libéralisme moral couplé à un féminisme irrationnel sévit dans tout le continent européen. Il serait donc intéressant de soulever des débats sans décrédibiliser certaines propositions, contre la pensée unique et bienfaisante, car oui, une société est faite de libertés mais aussi de mesures cadres, organisant la cohésion et le bon fonctionnement de notre société. Le pouvoir politique (le droit) doit donc réaffirmer son importance, face à une société qui dicte de plus en plus ses solutions, à la manière des religions qui, si on ne les repousse pas un minimum envahissent l'espace public.

En conclusion, il faut savoir juger selon une juste mesure les droits de chacun, tout en sachant préserver la cohésion de notre société. J'aurais pu traiter d'autres sujets comme la peine de mort, l'avortement, ou d'autres questions de mœurs qui font polémiques, mais ces trois exemples auront permis d'ouvrir un certain angle de vue, afin de vous permettre de mieux appréhender les enjeux que constituent les questions morales, paraissant secondaires face à des conditions physiologiques, mais pourtant capitales. Dans ce début de développement, je me positionne comme vous l'aurez constaté de façon quelque peu contradictoires, favorisant une démarche plus à l'écoute de la société, face à l'homosexualité et l'euthanasie (cependant marqué par un certain étatisme), et une vision plus traditionnelle concernant la prostitution, qui je penserais serait mieux appréhendée légalement. Les questions morales sont dépendantes de nos affinités, notre parcours, ce qui constitue un véritable problème pour le législateur qui lui, devra trancher pour de bon.

5 commentaires:

  1. Bonjour,

    Je ne crois pas qu'une vision traditionnelle de la prostitution encourage la pratique de cette-dernière surtout en considérant les divers arguments d'origine religieuse.

    Cordialement.

    RépondreSupprimer
  2. Bonjour,

    Un mariage qui donnerait les mêmes droits aux couples de même sexe mais qui n'en porterait pas le nom ? Le problème aussi du mariage en ce qui concerne les couples de même sexe, c'est qu'on permettrait par la même à ce couples d'adopter des enfants.
    Pourquoi permettre par la loi ce que la nature ne permet pas dans sa grande perfection ? Je le dit et je répète, seul un homme et une femme peuvent avoir des enfants c'est fondamental.

    Quand l'on parle de droit à la vie, il faut aussi penser à ceux qui sont assassinés avant même le jour de leur naissance... Je prierai ce soir pour les milliers de victimes de la loi Veil.

    A bientot.

    RépondreSupprimer
  3. D'accord avec vous deux.

    Mais c'est l'opinion de Jérôme qui est exprimée.

    Entièrement d'accord avec toi sur la question de l'homosexualité Jonathan. L'homosexualité est une tendance sexuelle qui est à ce titre une activité de loisir et qui doit être pratiquée en privé.
    Aucune institution ne doit l'encadrer. Et surtout pas le mariage. D'ailleurs l'échec flagrant du pacs le montre bien.
    Il n'est réclamé que par quelques fanatiques communautaires et l'immense majorité des homosexuels s'en contre-foutent.

    Quant à l'adoption c'est purement et simplement une aberration. Une caricature grotesque qui entrainera de graves séquelles pour ces enfants qui ont besoin d'un père et d'une mère.

    Et enfin d'accord avec toi sur la loi Veil Jonathan.

    RépondreSupprimer
  4. Concernant l'homosexualité, j'exclus tout "mariage" homosexuel, je considère que le mariage doit rester entre un homme et une femme, après, même si pour moi cela reste une déviance, chacun est je pense libre de son orientation sexuelle, mais je pense simplement qu'une égalité au niveau des droits matériels serait intéressante.

    L'adoption je ne précise même pas, je suis foncièrement opposé. J'ai juste posé de manière très peu poussée les différents arguments qui s'opposent pour toutes ces questions.

    L'avortement nous aurons l'occasion de revenir dessus mais il est certain qu'un encadrement vu leur augmentation aberrante (200 000 par an), est nécessaire

    RépondreSupprimer
  5. Sauf que le mariage légal n'a fait qu’institutionnaliser le mariage religieux. Le mariage est l'acte fondateur de l'échelon primordial de la nation: la cellule familiale.

    Une nation ne peut être basée que sur des familles saines et le mariage accorde des droits aux mariés dans la perspective d'une vie de famille à venir.

    Légaliser une union homosexuelle n'a donc aucun sens. Ils ne formeront jamais une famille. Au mieux une parodie malsaine. Ca reviendrait à encourager la destruction de la famille et par extension de la communauté nationale.

    RépondreSupprimer