Par Steven C,
Quelle déception pour les dirigeants européens, sauveurs du monde à leurs heures! Après s'être démenés pendant des jours pour réussir à conclure un accord branlant destiné à rafistoler une zone euro qui fait désormais eau de toutes parts, voilà que le désobéissant Papandréou se met à discuter les solutions qu'ils lui avaient généreusement concocté.
En effet, au bout d'un énième sommet de crise, le couple Merkel-Sarkozy avait fini par s'entendre le 26 octobre dernier sur une réforme du FESF (fonds européen de stabilité financière). Le lendemain soir, Sarközy se faisait mousser sur nos écrans en nous expliquant avec condescendance que le système politico-financier dont il fait partie intégrante nous avait amené depuis 40 ans, au bord du gouffre mais surtout, comment il venait -cette fois c'était sûr- de sauver la Grèce, l'Europe et même le monde.
Et vendredi matin effectivement, les enfants gâtés que sont les marchés avaient semblé trouver à leur goût les gesticulations des politiques puisque de bonne humeur, ils s'était pris à rêver et avaient fait bondir spectaculairement mais surtout brièvement les bourses européennes.
Lundi soir, après une ouverture déjà fébrile dans une atmosphère de retour difficile à la réalité, le premier ministre grec a pris toute la zone euro à contre-pied en annonçant son intention de soumettre cet ultime accord à un referendum. Très logiquement les marchés mécontents ont immédiatement dévissé. L'Euro est mort, la machine infernale de la finance s'est emballée et la crise mondiale ne pourra plus être évitée, on le savait déjà, soit.
Mais plus inquiétant: c'est une véritable vague « d'indignation » qui s'est élevée de la part des fanatiques de l'euro, politiques et experts de tous poils, contre cette décision honteusement démocratique et hautement irresponsable. Ce n'est effectivement pas une habitude européiste que de demander son avis au peuple.
Personne n'est dupe: ce n'est pas par philanthropie que Papandréou a consenti à un référendum mais bien parce que la Grèce est au bord de l'insurrection et que l'imposition de mesures aussi impopulaires au peuple grec aurait mis instantanément le feu aux poudres.
Toutefois c'est la réaction de l'intelligentsia européiste qui est est notable. Plus que jamais on assiste à un renversement total des valeurs. Il est désormais indigne et irresponsable de laisser une nation pouvoir choisir de conserver sa souveraineté. Nos gouvernants prétendument démocratiques ne cachent même plus leur mépris absolu des peuples. Des oligarchies et des castes s'arrogent le droit de décider de leur destin à leur place.
La façon dont Sarközy a imposé la constitution européenne par le traité de Lisbonne au peuple français qui l'avait rejetée en 2005, la manière dont ils ont fait revoter le peuple irlandais jusqu'à ce que las, il consente enfin au dit traité ou plus récemment les pressions qui ont suivi le veto de la Slovaquie au renforcement du FESF et qui ont amenées à un deuxième vote, étrangement positif cette fois-ci, ainsi que le cas grec aujourd'hui, montrent le message très clair adressé par les élites technocratiques aux peuples européens:
« L'Union Européenne fédérale se fera quoi qu'il arrive. Avec vous ou sans vous! » A bon entendeur.
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