Par J. L.
À l'orée d'une nouvelle grande étape pour notre pays, de nombreuses questions se posent naturellement à nous: quel renouveau pour la France après plus de 30 ans de politiques à tendance libérale voire ultra-libérale? Quels seront les nouveaux centres de pensée sur l'échiquier politique? Quelles seront les propositions de la nouvelle majorité pour résoudre des problèmes inhérents à la Ve République?
Une République essoufflée? Ou de simples réajustements à venir?
Après plus de 50 ans de bons et loyaux (déloyaux?) services, la Ve République, maintes fois remaniée sans pour autant avoir été vidée de sa substance, reste un régime semi-parlementaire à forte tendance présidentielle. La coïncidence entre les élections présidentielles et législatives, suite au référendum du quinquennat proposé par Jacques Chirac à la population a sonné le glas d'un nouveau temps politique.
Depuis les années 80, trois cohabitations (Chirac sous Mitterrand en 1986-1988, Balladur sous Mitterrand 1993-1995, et Jospin sous Chirac 1997-2002) ont mis à mal le système politique. Certains ont pu clamer un consensus, un contre-pouvoir au sein même de l'exécutif. La réalité étant un cantonnement aux dispositions de la constitution attribuant pouvoirs et responsabilités au président et au 1er ministre.
La concordance entre législatives et présidentielles (une poignée de semaines d'écart entre les deux scrutins), ont entrainé un phénomène majoritaire, qui a permis le renforcement de l'exécutif au détriment du parlement, esclave des projets du gouvernement. La réforme constitutionnelle du 23 juillet 2008 a certes réaffirmé le rôle du parlement, mais même l'ordre du jour au final n'y changera rien, nous sommes face à un système qui subit ses défauts congénitaux, dont nous sommes tous témoins.
La dernière manifestation est la sous-représentation des mouvements de pensée, scrutin majoritaire pour les élections législatives entrainant un vide d'idée et un manque de renouvellement des forces politiques/
Opposition mondialisation / antimondialisation: un nouveau clivage
La crise économique ainsi que la crise de l'euro ont remis à l'ordre du jour des considérations qui n'avaient au fond jamais été mises au placard. La guerre perdue de peu, entamée par Philippe Seguin contre le traité de Maastricht de 1992, le rejet populaire de la constitution européenne en 2005, les signes avant-coureur du rejet d'une Union à deux vitesses, dotée de trois pattes (piliers?), Union se voulant économique, inter-gouvernementale, soumise à des aspirations ultra-libérales et à un avenir dont les élites le voudrait fédéral.
Devenue le cheval de Troie d'une mondialisation débridée, supprimant toute barrière douanière, dotant une quinzaine de pays d'un euro fort pour des économies faibles, mettant tous les feux au vert pour une Allemagne faisant pression à la baisse sur ses salaires pour grignoter toute exportation, l'Union qui se voulait forte s'est révélée être une bureaucratie fallacieuse, n'écoutant pas une fois l'appel des peuples à la fin de cette perte de souveraineté soumise par l'oligarchie européenne.
Le clivage émergeant est représentatif de l'essoufflement de la politique française. Les deux partis appelés à gouverner, UMP et PS, se tiennent la main pour une Europe libérale, politique, fédérale à souhait. Ce système UMPS soulève de nombreux problèmes. De nombreuses personnes votant contre les projets européens soumis à référendum continuent d'attribuer leurs votes à ces partis qui au final ne les écoutent pas. Ces partis, qui ont abandonnés depuis longtemps la nation, repoussent les aspirations à plus de souveraineté et à un protectionnisme intelligent aux partis appelés «extrêmes», les riant et les qualifiant de personnes insensées, à croire que le système libéral soit le seul qui n'ai jamais existé, et avec des arguments toisant les classes inférieures et moyennes, soumises à la libre circulation des capitaux, des services, ainsi que celle des travailleurs.
Ce système intenable aboutit à un véritable changement de ligne politique. La montée du Front National (aux alentours de 20%), la dynamique positive de Jean-Luc Mélenchon (crédité jusqu'à 8% des intentions de vote), ainsi que la percée d'Arnaud Montebourg aux primaires socialistes, remettent le protectionnisme au goût du jour. Ce nouveau clivage risque donc fortement de réorganiser l'échiquier politique, à droite comme un gauche, avec l'émergence de nouveaux pôles de pensée.
Les législatives de 2012 comme tremplin d'une nouvelle faille politique
La focalisation médiatique se cristallise autour de l'élection présidentielle de 2012. Je tiens donc à souligner l'importance de l'élection législative. Celle-ci est en effet primordial, et ceci pour deux raisons. Tout d'abord, la question du scrutin majoritaire, appliqué lors de cette élection, et ensuite, celui du phénomène majoritaire / de la cohabitation.
La première interrogation tend au scrutin majoritaire. Celui-ci, on le sait bien, entraine une sur-représentation des partis dits de masse, et une sous-représentation des forces plus modestes. Dans un système se voulant démocratique, que des partis ne représentant que 50 voire 60% des électeurs constituent la quasi-totalité des sièges à l'Assemblée soulève des problèmes de légitimité, de prime abord, puis moraux face à une conception démocratique du pouvoir d'aujourd'hui. Les 40% autres d'électeurs n'ont pas t-ils le droit d'être représentés? De Gaulle avait tiré les leçons d'une IVe République qui ne voulut pas de lui, un scrutin proportionnel, un émiettement des forces, ainsi qu'une instabilité ministérielle. Il a donc tenu à appliquer un système efficace sur le plan politique, un régime dans lequel seront prises des décisions. Cette idée forte se trouve désormais à bout de souffle, pas tant dans la force de l'exécutif, qui je considère est un gage d'efficacité, mais dans la question démocratique qu'elle sous-tend. En effet, un parti comme le FN ne bénéficie d'aucun député, alors qu'il représente 15 à 20% de l'électorat, autrement dit 1 électeur sur 5.
La deuxième enfin tient au résultat qui émergera des urnes à la mi 2012. En effet, la dynamique du Front National, se tenant prêt à déborder l'UMP, qui peu à peu sombre dans ses guerres intestines, va avoir de lourds conséquences pour ce parti. L'UMP en effet, refuse, ce qui est parfaitement logique vu son positionnement pro mondialisation, une alliance avec le FN, qui selon ses portes-paroles constitue un parti anti-républicain (dont je souhaiterais avoir une définition des intéressés), et qui divise les français, argument ne pouvant provenir d'une entité politique ayant abandonné la Nation au FN, et piétinant la volonté des peuples. Ce refus d'une alliance, couplé d'une très forte possibilité d'une majorité de triangulaires au 2nd tour des législatives, va faire courir la droite à sa perte. Conséquence: un PS possédant non pas la majorité des sièges, mais une part bien plus importante, 350-400-450 sièges?
En prenant l'hypothèse d'une victoire de la droite, résultat: une cohabitation qui ne résoudra pas les problèmes de la France. Hypothèse d'une victoire de la gauche: une main-mise sur le pouvoir, couplée de celle déjà existante des exécutifs locaux, des médias, et de la justice. Une perspective peu réjouissante pour l'avenir de la démocratie, qu'en pensez-vous ?
J. L.
C'est nul à chier.
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